Tu la sens là, dis? Tu la sens, la poussière, la lourdeur du temps, l’humidité qui subsiste? Tu sens la vie, qui se bat contre nous, qui brûle, qui souffle, qui pleut? Elle est là, autour de nous, dans la musique, dans le vent qui ramène tes cheveux sur ton visage. Non, ne pleure pas. On a fait trop de chemin pour revenir en arrière, maintenant. Où sommes-nous? Mais pourquoi tu me demandes ça? T’as pas encore compris? Ca n’a aucune foutue importance, où nous sommes. Nous y sommes, c’est tout. Pleure pas, je te dis. Pleure pas. Allez, souris, fais au moins mine d’être heureuse. Tiens, assied-toi, là près de moi. Plus près. Tu vois, on est bien. Putain, arrête de pleurer! C’était pas toi, qui voulait te casser, qui voulait partir loin? Bah on y est, loin. Regarde à l’horizon. T’en vois un, toi, de foutu humain? Tu vois un corps maladroit, une démarche mal assurée, des gestes destructeurs? Pas moi.
Alors marche, maintenant. Prend-moi la main, j’te dis. J’veux que nos ombres ne fassent qu’une. Recule pas. Marche tout droit, droit devant toi.
C’est bizarre, au fil des pas tu deviens de plus en plus transparente. Arrête de t’éloigner, merde.
J’en ai marre que tu trébuche. Faut qu’on marche, qu’on s’éloigne encore.
Je t’ai toujours détestée. T’es pas belle. Quand je te regarde, j’ai presque l’impression de sentir tes entrailles, ça en devient insupportable. T’es floue, tes organes sont mal assemblés les uns avec les autres. Ils ont du mal à former une silhouette plus ou moins humaine. Tu peux utiliser tous les artifices que tu veux, tu seras jamais belle.
Schlusswort
Il y a 14 ans
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