Il avait quelque chose. Petit, pâle, presque laid. Son dos était voûté, et son crâne reposait lamentablement au sommet de sa colonne tordue. Silhouette fantomatique.
Son visage était presque effrayant. Un profil tranchant, de minuscules yeux gris, qui vous percent la peau et vous font dresser l'échine. Le genre d'yeux qui vous traversent la boite crânienne et lisent dans vos pensées. Qui réduisent à l'état de cendre toute tentative d'envolée lyrique merdique. Regard hypnotique.
Les applaudissements timides à la fin de chaque morceau. L'indifférence totale des habitués. Cerveau-éponge.
Et puis elle. Écoutant les entrailles de la terre. Son viscéral.
La lumière jaunâtre sur son visage trempé de sueur, son aura inexistante.
Il gerbait sa musique. Elle se prenait toutes les éclaboussures en pleine face, et elle aimait ça.
Pas d'osmose, pas de transe. Pas de larme ni de sourire.
Le petit corps se mouvait étrangement bien sur la musique. Chaque phrase prononcée était accompagnée d'un spasme particulier. Pantin désarticulé.
Son souffle saccadé, ses paupières lourdes. Et sa voix, râle rauque et désaccordé, totalement faux et à contre-temps. Le résultat était insupportablement beau. Une magnifique harmonie de laideur.
Schlusswort
Il y a 14 ans
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