À intervalles réguliers, un flot de jambes pressées lui brouillent la vue. Parfois, une pièce atterrit près de lui. Il est là, adossé au photomaton. Il fait partie du décor.
Le photomaton, c’est sa place. Peut-être que le jour où il n’y sera plus, on remarquera qu’il y a été. Il voit le monde d’en bas, à travers des yeux embrumés d’alcool et de fumée. Ses cheveux sales lui descendent dans le cou, et son bonnet chlingue la pisse de chat. Aucun regard ne croise le sien. Il regarde la vie fourmiller autour de lui. Il attend. Un sourire, un mot. La fin. Il se demande ce qu’il fout, Dieu, à pas le rappeler à sa divine merci. En tout cas quand il le verra, il lui filera une sacrée mandale. On fait pas attendre les gens comme ça. Il n’a plus rien à faire ici. Les journées sont toutes les mêmes, et n’ont aucun intérêt. Il rêverait de crever. Il rêverait de voir son thorax envahit d’asticots. D’être utile, enfin. Il n’est qu’une masse grise, adossée au photomaton. Il fait partie du décor. On ne distingue même plus ses yeux gris. À longueur de journée, il attend.
À intervalles réguliers, un flot de jambes pressées lui brouillent la vue. Parfois, une pièce atterrit près de lui. Il est là, adossé au photomaton. Il fait partie du décor.
Schlusswort
Il y a 14 ans
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