samedi 14 février 2009

My funny Valentine

Je déteste ce jour dégoulinant d’amour, dégobillant de bonne volonté. Comme si il y avait un jour spécial pour s’aimer. Quelle belle connerie.

Dans 3 ans cette fille oubliera de se laver les cheveux parce qu’elle s’occupera de son mioche, et le gusse qui l’étouffe en ce moment de son bras gauche ira taquiner la secrétaire qui louche, parce que franchement le sexe, ce sera devenu pas top. Ou même pas du tout.

Je ne supporte pas de les voir regarder le monde comme si il était plus beau aujourd’hui qu’hier, juste parce qu’on est le 14 putain de février. On croirait presque que c’est un prétexte pour encore moins voir ces gens qui crèvent de faim et dorment dans leur propre merde pour avoir plus chaud.

Je déteste ces effusions d’amour, ces regards langoureux qui puent l’obligation. J’abhorre les projets à la mord moi le nœud qu’on fait après trois mois de vie commune. Je déteste les entendre parler de prénoms.

J’ai remarqué ce matin à sept heures que la lumière était magnifique. Je suis allée fumer une clope sur une place complètement vide. Même les pigeons me foutaient la paix. J’avais froid, juste ce qu’il faut. J’avais l’impression que mon corps avait disparu dans ce sweat trop grand.

Le froid qui mordait langoureusement mes joues était le seul là pour me le rappeler. Le froid était mon amant. Le froid soufflait dans mon cou, y déposait des baisers.
Le froid passait ses ongles dans mes cheveux, me léchait les oreilles, pressait ma poitrine, faisait s’accélérer ma respiration.

Le froid brûlait mes yeux, me laissait des marques sur le visage, faisait se craquer mes lèvres. Il brisait passionnément mes os, glaçait amoureusement mes doigts. Le froid me clouait sur le banc, m’empêchait tout mouvement, enserrait mes chevilles et mes poignets de son étreinte puissante.


La ville n’avait jamais été aussi silencieuse. On avait mis la vie sur pause.
C’était une bonne journée finalement.

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